Directrice de chœurs, Johanna Hernandez n’a jamais cessé de faire de la musique.
Traversant même l’Atlantique.
PAR SOPHIE.ERBRICH@LACOTE.CH
Johanna Hernandez, à 37 ans, est une hyperactive de la musique. Photo: Sigfredo Haro
Du violon, de la mandoline, de la guitare, du piano et du chant. Mais aussi plusieurs chœurs sous sa baguette. Non, Johanna Hernandez n’a pas plusieurs vies. Elle a
simplement énormément de talent et une faculté à se renouveler sans cesse. Vient s’ajouter un grand potentiel énergétique qui se traduit par une silhouette toute en muscles et en finesse.
Il faut dire que la trentenaire n’a pas le temps d’accumuler les kilos. La jeune femme dirige non seulement les chœurs d’Arzier mais aussi trois ensembles vocaux dans la région lausannoise, un sur Genève et un en Gruyère. Et depuis Pully, où elle habite, elle trouve encore le temps de chanter elle- même dans un chœur… à Lucerne! «Je vis dans le train. J’y travaille mes partitions», dit-elle. Et d’éclater de rire en racontant comment elle s’est mise un jour à chanter à tue-tête dans les gares, «quand il n’y avait personne», commençant à découvrir et travailler sa propre voix de mezzo-soprano.
Nouveau continent
Johanna Hernandez a grandi au Venezuela, au sein de la classe moyenne. Là-bas, elle a baigné dans la musique, «partout et tout le temps». La fillette reproduit avec facilité toutes les chansons qu’elle entend. A 5 ans, elle apprend la guitare «cuatro», une petite guitare locale à quatre cordes.
A 8 ans, elle reçoit pour Noël un piano miniature et s’enthousiasme tout autant. Ses parents comprennent vite qu’elle est douée et la soutiennent. Alors Johanna intègre une école de jazz et de musiques actuelles où elle apprend les rudiments de la pop. Des outils dont
elle dit se servir encore à ce jour comme cheffe de chœur.
Mais ce n’est pas tout. Elle s’enflamme aussi pour le violon. Elle en joue désormais pour le plaisir comme en récital. Son «bonheur d’enfance», raconte-t-elle, a été de jouer dans des orchestres d’enfants et de faire partie d’«El Sistema», un programme vénézuélien d’éducation musicale pour les jeunes. Des étoiles encore plein les yeux, Johanna se souvient de ce jour où elle a joué devant le pape Jean-Paul II parmi 300 autres musiciens.
La suite de l’histoire se passe en Suisse. A 20 ans, alors qu’elle a un poste à l’orchestre symphonique de Caracas, son professeur de violon l’incite à ouvrir son horizon. Cela tombe bien, car après la vie trépidante de la capitale, Johanna ressent le besoin de tranquillité. Ce calme idéal, elle le trouve en Valais, à Sion, où elle suit dès 2003 des études musicales à l’Académie Tibor Varga. «Leur méthode pédagogique a été dure. Mais j’avais des lacunes et j’ai pu les combler», admet-elle.
La voix d’abord
Pop, jazz, classique, Johanna surfe aujourd’hui d’un style à l’autre sans problème. Elle estime les catégories et les classements infondés car «ce sont différentes manières de s’exprimer pour une seule et même chose de l’ordre de l’universel». La musicienne n’hésite pas à dire que se cantonner au répertoire classique, c’est passer à côté de quelque chose. Parmi ses multiples activités musicales, la jeune femme accorde tout de même une place de choix à la voix.
«Dans la voix il y a quelque chose qui nous dépasse», souffle-t-elle. Son nouvel objectif est de s’atteler au mystère de la respiration. La musicienne commence en effet en août prochain une formation plus spécifique en coordination respiratoire, une discipline à mi-chemin entre la thérapie et la science. Dans le but de transmettre à son tour.
Se maintenir dans un mouvement continu lui est essentiel. Un peu l’image du train qu’elle prend souvent. Un chemin dont elle cerne aujourd’hui le sens: «Pouvoir contribuer à favoriser une meilleure qualité de vie, à travers la musique. Mon plaisir, c’est de rendre les gens heureux», confie-t-elle. Mais qui dit mouvement dit aussi besoin de stabilité. Johanna Hernandez est fière d’annoncer qu’elle est mariée à un artiste-peintre… d’origine valaisanne.
EN DATES
1982 Naissance le 23novembre à Valencia, au
Venezuela.
1990 Débute son apprentissage du piano, violon
classique, cuatro et guitare.
2000 Part à Caracas pour poursuivre son apprentissage
du violon.
2003 Arrive en Suisse et intègre l’Académie Tibor Varga
de Sion.
2013 Prend la direction du chœur L’Amitié d’Arzier- Le
Muids.
2017 Prend la direction du chœur des jeunes (JAM)
d’Arzier-Le Muids.